Au fait, qu’est-ce qu’un Patou ?
Il existe plusieurs races de chien de protection des troupeaux : Berger des Abruzzes, Berger d’Anatolie, Mâtin espagnol… ou le Montagne des Pyrénées, communément appelé “Patou”.
Le terme “patou” s’emploie souvent de manière générique pour désigner ces différentes races de protection des troupeaux.
La Haute Maurienne Vanoise est un territoire d’élevage et d’agriculture. Les “patous” sont donc présents et protègent les moutons et les chèvres des prédateurs comme le loup, de retour dans les Alpes françaises depuis les années 90.
Pour les randonneurs, à vélo comme à pied, ces grands chiens blancs peuvent s’avérer impressionnants car à l’approche d’une personne ils viennent en courant pour identifier « l’intru », souvent en aboyant. Comprendre leur rôle, savoir comment réagir en leur présence ou encore arriver à les localiser en amont pour éviter les troupeaux : on vous explique tout.
Ne pas confondre chien de conduite et chien de protection des troupeaux
Chien de conduite et chien de protection sont deux choses différentes. Le premier (border collie, berger australien, berger de crau…) est chargé de diriger le troupeau, de le rassembler et de le déplacer d’un point à un autre – toujours sous les ordres du berger. Le chien de conduite doit organiser et structurer le troupeau en obéissant aux commandes précises de son maître.
Ces chiens développent également une grande complicité avec leurs maîtres : ils peuvent cohabiter avec eux sans problème et les accompagner dans diverses activités du quotidien.
En revanche, la mission principale du chien de protection est différente : il est là pour protéger les bêtes des prédateurs sauvages tels que les loups dans les Alpes, ou les ours sur d’autres territoires.
Le “patou” vit constamment avec le troupeau. Il est d’ailleurs élevé dès son plus jeune âge avec les moutons et les chèvres pour créer un attachement fort avec les bêtes, qu’il va considérer comme des membres de sa famille à part entière.
Le Patou est éduqué pour dissuader, pas pour attaquer.
Sa mission : la dissuasion
Le chien de protection agit de manière autonome, sans la nécessité qu’un berger lui donne des ordres. Dès qu’il voit le moindre intrus s’approcher du troupeau, il intervient immédiatement pour s’interposer.
Le Patou est éduqué pour dissuader, pas pour attaquer. Il commence généralement par émettre des aboiements puissants et graves afin d’avertir de sa présence et de montrer qu’il est prêt à défendre son territoire.
Si les aboiements ne suffisent pas à dissuader l’intrus ou s’il n’en tient pas compte, le “patou” peut aller jusqu’à l’affrontement, en utilisant sa force et sa taille pour repousser la menace. Selon la race du chien de protection, son comportement peut être différent : par exemple le Montagne des Pyrénées restera à proximité du troupeau alors que le Berger d’Anatolie peut s’élancer à la poursuite d’un prédateur.
Un chien indispensable pour les éleveurs
Ce chien est apprécié par les agriculteurs pour son allure imposante et son comportement dissuasif. Sa présence et son comportement est parfois suffisante pour éloigner les prédateurs potentiels, réduisant ainsi le risque d’attaques sur le bétail.
C’est cette capacité à agir de manière indépendante et efficace qui rend justement le “patou” si indispensable dans les régions tels que la Haute Maurienne Vanoise, où la prédation des loups sur les troupeaux est présente.
Que faire face au Patou ?
Comment réagir face à un Patou en randonnée
• Rester calme : le Patou est un chien très sensible aux comportements des personnes qu’il croise. Gardez une attitude sereine, sans gestes brusques pour ne pas alerter l’animal. Cela est parfois plus simple à dire qu’à faire mais… moins vous stressez, moins vous stressez le chien !
• Éviter de se rapprocher du troupeau : ce chien est avant tout là pour protéger les bêtes dont il a la garde. Si vous voyez un troupeau au loin, si cela est possible faites un large détour pour ne pas donner l’impression de vous en approcher. Le chien percevra alors moins de danger de votre part.
• Ne pas faire de mouvements brusques : évitez de lever les bras ou de faire des gestes soudains. Le Patou pourrait interpréter cela comme un comportement agressif. Marchez tranquillement, sans précipitation. Si vous avez des bâtons de marche, gardez les pointes vers le bas et le long du corps. Surtout, ne les brandissez pas, il interprétait cela comme une menace.
• Ne pas s’approcher du chien : le Patou, ce n’est pas le chien « Belle » dans « Belle et Sébastien ». Grand, blanc et élégant, il est très beau mais… tenter de le prendre en photo (lui ou le troupeau) ou de le caresser peut être interprété comme une agression.
• Ne pas s’enfuir en courant : si un “Patou” vient vers vous pour vous renifler, laissez-le faire sans bouger. Ne tentez pas de le caresser, de fuir ou même de le repousser. Le chien s’assurera ainsi que vous ne constituez pas une menace et retournera probablement vers son troupeau. S’il vous suit un moment, c’est simplement qu’il estime que la distance entre vous et le troupeau n’est pas suffisante : il vous reconduit simplement à la sortie !
• Continuer lentement son chemin : si vous voyez que le Patou est calme, poursuivez votre marche à un rythme modéré. Ne commencez pas à courir, même si vous pensez être hors de danger, car cela pourrait réactiver son instinct de protection.
Evitez au maximum de passer au milieu des moutons.
Comment réagir face à un Patou en vélo
• Descendre de son vélo : dès que vous apercevez un troupeau ou un Patou au loin, descendez de votre vélo pour ne pas susciter une réaction de poursuite de la part du chien. Le vélo en mouvement peut être perçu comme une menace par le chien de protection.
• Contournez largement le troupeau : assurez-vous de passer à bonne distance du troupeau pour minimiser les risques de confrontation.
• Marchez à côté de votre vélo : continuez à avancer doucement en marchant à côté de votre vélo. Cela vous rendra moins menaçant aux yeux du Patou et vous permettra de mieux gérer la situation.
• Restez visible mais non menaçant : ne tentez pas de vous cacher, ni de faire demi-tour brusquement. Restez visible tout en montrant clairement que vous n’avez aucune intention d’approcher le troupeau.
• Attendez que le Patou se calme : si le chien semble agité ou aboie, arrêtez-vous et attendez calmement qu’il se calme avant de reprendre votre chemin. Ne criez pas et ne faites pas de gestes brusques.
Face à un Patou, signalez-vous avant de vous arrêter. Cela permet au chien de vous identifier.
Comment réagir si vous avez un chien
• Si vous êtes accompagné de votre chien, tenez-le en laisse. Vous éviterez ainsi une réaction dissuasive du Patou.
• Ne prenez pas non plus votre chien dans les bras. Votre chien pourrait se sentir plus fort, voire même grogner. Vous risqueriez alors la confrontation avec le Patou.
Localiser les Patous pour les éviter
Pour éviter toute rencontre inopinée avec un Patou en Haute Maurienne Vanoise, il peut être utile de savoir à l’avance où se trouvent ces chiens de protection le long de votre parcours. Plusieurs outils permettent de localiser les zones où sont présents des troupeaux de moutons, et donc des Patous. Vous pouvez ainsi planifier votre itinéraire en conséquence et éviter de les rencontrer.
Sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, le site Pasto Kezako propose une carte interactive où vous pouvez consulter les zones où paissent les troupeaux gardés par des Patous. En renseignant votre itinéraire, vous pourrez anticiper les zones à risque et choisir des chemins alternatifs si nécessaire. A noter : si ce site officiel dispose d’informations à jour, le suivi des troupeaux ne se fait pas en temps réel (les troupeaux se déplacent toute la journée !)
Lors de vos randonnées, des panneaux sont également présents pour vous prévenir de la présence de troupeaux gardées par des Patous. N’hésitez pas non plus à vous renseigner auprès des éleveurs, des agriculteurs ou des alpagistes !