À la découverte des lacs d'altitude : origine, baignade et impacts
Au cours d’une randonnée en montagne, par une chaude journée d’été, il se peut que vous arriviez au bord d’un lac d’altitude à l’eau fraiche et cristalline. L’idée de vous y baigner, ou de simplement tremper vos pieds dans l’eau pourrait alors vous traverser l’esprit. Car oui, même à plus de 2 000 mètres d’altitude, l’eau n’est pas toujours aussi glaciale que l’on pourrait le croire…
D’où viennent ces lacs ? Comment se sont-ils formés ? Peut-on s’y baigner et quels sont les impacts de la baignade dans ces milieux fragiles ?
Nous allons tout vous expliquer. Attachez vos lacets, préparez vos sacs à dos… C’est parti !
Les lacs d’altitude sont des milieux très fragiles
Au fait, qu'est-ce qu'un lac d’altitude ?
Contrairement au lac artificiel du Mont-Cenis, les lacs d’altitude sont des points d’eau situés à plus de 2 000 mètres qui peuvent être assez profonds. Ces lacs sont issus de l’activité glaciaire. Les glaciers sculptent des dépressions dans le sol rocheux – lorsque les glaciers fondent, ces dépressions se remplissent d’eau, créant ainsi des lacs d’altitude.
Leur environnement unique, marqué par des températures plus basses et des écosystèmes spécifiques, les rend particulièrement sensibles aux changements climatiques et à l’éventuelle pollution humaine.
L’importance des lacs d’altitude
Aujourd’hui, il existe plusieurs lacs d’altitude dispersés dans la région de la Haute-Maurienne Vanoise et de ses six stations : Valfréjus, la Norma, Aussois, Val Cenis, Bessans et Bonneval sur Arc.
Ces lacs d’altitude jouent un rôle crucial dans la régulation des ressources en eau, agissant comme des réservoirs naturels qui libèrent progressivement l’eau des précipitations et de la fonte des neiges vers les vallées et les plaines environnantes.
En plus de leur importance hydrologique, les lacs abritent une biodiversité riche avec des espèces végétales et parfois animales qui se sont adaptées aux conditions rigoureuses de haute altitude.
Cependant, ces lacs sont vulnérables aux impacts du réchauffement climatique, comme la diminution des glaciers, et à la pression croissante des activités humaines telles que le tourisme, l’agriculture et l’urbanisation. La préservation de ces écosystèmes est donc essentielle pour maintenir leur équilibre écologique.
La baignade est-elle autorisée dans les lacs d’altitude ?
Le lac Sainte-Marguerite, le lac noir, ou encore le lac de la Partie… Il existe en ces lieux plusieurs endroits splendides qui pourraient vous donner l’idée de tremper vos pieds dans l’eau… ou de carrément vous y baigner.
– Est-ce possible ?
– Oui, mais cela est fortement déconseillé.
Alors pourquoi la baignade est-elle déconseillée ?
En effet, bien que les baignades dans les lacs d’altitude ne soient « officiellement » ni interdites, ni par ailleurs réglementées, elles n’en demeurent pas moins peu recommandables – aussi bien pour préserver la qualité du milieu que pour la santé humaine.
Protéger les lacs est crucial et nous devons tous y prêter une attention particulière sous peine de perdre une part précieuse de notre patrimoine commun simplement pour le plaisir. Plusieurs raisons justifient cela :
La pollution chimique
D’abord, il faut savoir que les lacs d’altitude sont des milieux “sentinelles”, ils réagissent ainsi très rapidement à une modification extérieure de leur environnement. Les crèmes solaires, utilisées par les randonneurs pour se protéger des rayons UV, contiennent souvent des composants chimiques, y compris des perturbateurs endocriniens. Ces substances peuvent se retrouver dans l’eau lorsqu’elles sont introduites directement par la baignade, par les éclaboussures ou par les ustensiles et la vaisselle des randonneurs qui bivouaquent.
Erosion des rives et perturbation des fonds
Le fait de nager dans un lac d’altitude peut entraîner la remise en suspension de la vase et des sédiments au fond du lac. Cette vase, une fois en suspension, trouble la qualité de l’eau et réduit la pénétration de la lumière.
Perturbation des zones de reproduction et de refuge
Les rives des lacs d’altitude sont souvent des zones cruciales pour la reproduction des poissons ou de grenouilles. Le piétinement des rives et la nage dans les zones peu profondes peuvent endommager ces habitats et accroître le stress chez ces vertébrés aquatiques.
Qu’en est-il de notre santé ?
Les risques de choc thermique
En période de canicule, nous vous rappelons qu’il est indispensable de s’hydrater régulièrement et de rester, autant que faire se peut à l’ombre. Quand vous partez en randonnée sous le soleil, ou à vélo, vos vaisseaux sanguins se dilatent et deviennent ainsi plus vulnérables aux changements brusques de température – en l’occurrence ici le chaud/froid.
Si après une longue marche, vous vous arrêtez pour vous baigner dans un lac glacé, votre organisme peut vite se retrouver mis à rude épreuve et les conséquences pour celui-ci peuvent être désastreuses : forte chute de la pression sanguine, rétractation des veines et AVC dans de plus graves cas…
En cas de malaise ou de symptômes graves, n’oubliez pas de contacter immédiatement les secours en composant le 112. En raison du milieu montagnard, l’intervention des secouristes peut prendre du temps. Il faut donc redoubler de prudence.
Parce que la baignade n’est pas sûre
Un lac de montagne n’est ni la mer, ni la piscine de O’soi. Il s’agit avant tout d’un milieu naturel non surveillé. Il est donc important d’être conscients des dangers qui vous guettent et qui vous y attendent – il n’y aura par exemple pas de maître-nageur pour voler à votre rescousse.
La qualité de l’eau n’est pas contrôlée et certains lacs comportent des bactéries.
Un patrimoine commun à préserver
Phillipe LHEUREUX, directeur adjoint du Parc national de la Vanoise précise que : « Les lacs d’altitude sont des milieux très fragiles. Ils sont particulièrement sensibles à la moindre modification physique ou chimique et ont une résilience très faible. C’est pour cela que les scientifiques les qualifient de milieu sentinelle. » Avant de rajouter que : « Toute perturbation, même anodine, va avoir des répercussions sur les équilibres du biotope qui vont très vite devenir irréversibles. Les enjeux qui pèsent sur la protection de ces lacs d’altitudes – déjà directement menacés par les conséquences du changement climatique – méritent que nous leur portions tous un intérêt et du respect, au risque de perdre un pan entier de notre patrimoine commun pour le seul bénéfice du loisir éphémère d’une minorité de visiteurs. »
Mais alors, où se baigner en Haute-Maurienne Vanoise ?
La Haute Maurienne Vanoise est riche en activités aquatiques ; l’espace Ludi’lacs de Bessans est, par exemple, un endroit idéal pour se détendre et se baigner, en famille ou entre amis – pour petits et grands. En plus de la baignade, de nombreuses activités vous attendent à son bord : paddle, snack, espace pétanque, beach-volley… Vous pourrez aussi vous baigner aux piscines de Val Cenis, d’Aussois et de Modane ou à la base de loisirs aquatique de La Norma.
Petit bonus : si vous êtes amateur des sports aquatiques, vous pouvez vous rendre aussi à la base nautique du Mont Cenis, juste à proximité du lac pour y faire du kayak. Non loin de là, vous avez également la possibilité de vous initier à la descente en canyoning – une expérience ludique accessible à toutes et à tous.