Quand on croyait que le "Mont Iseran" dépassait les 4000 mètres d'altitude
Au XVIIe siècle, les cartographes évoquent un mystérieux “Mont Iseran”, culminant à 4045 mètres sur les hauteurs de Bonneval sur Arc.
Ce “Mont Iseran” apparaît en 1680 sur la carte de Borgonio comme étant la source des rivières Isère et Arc. Cette croyance d’un sommet à plus de 4000 mètres dans ce secteur va durer près de 200 ans : au fil des années, les cartographes se succèdent sans déterminer avec précisions où se trouve ce sommet mythique tout en affirmant son existence. Le “Mont Iseran” est par exemple inscrit sur les cartes d’état-major de 1820 et 1866.
En 1859, des relevés précis mettent fin au mythe : aucun sommet n’atteint les 4000 mètres dans le secteur. Le “Mont Iseran” devient alors le “Signal du Mont Iseran”, voisin de l’Aiguille Pers.


De chemin muletier à route des Grandes Alpes
Le col est un lieu de passage fréquenté depuis des siècles. Il avait d’ailleurs suffisamment d’importance pour que la Maison de Savoie ordonne en 1667 de maintenir en bon état les passages de l’Iseran, afin que les mulets chargés de marchandises puissent franchir le col. Deux siècles plus tard, le roi Emmanuel II fait même construire sur le sentier des grands cairns de pierres. Ces cairns servent bien sûr à indiquer le chemin mais certains sont creux et offrent un abri aux voyageurs en cas de tempête.
L’histoire de la route qui traverse aujourd’hui le col est plus récente. Construite entre 1929 et 1937 pour désenclaver les vallées et favoriser les échanges, elle est inaugurée le 10 juillet 1937 par le président Albert Lebrun. C’est depuis cette époque le plus haut col routier d’Europe. Le passage du col de l’Iseran est un incontournable de la “Route des Grandes Alpes” qui relie Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) à Nice (Alpes-Maritimes). Une route sillonnée chaque été par des milliers de cyclistes, de motards ou de fans de voitures de collection qui apprécient l’enchainement de cols et de panoramas grandioses.
L'Iseran entre au Tour de France
Des étapes rares mais… dantesques !Moins d’un an après son inauguration, la route du col de l’Iseran entre dans la légende du Tour de France. Le 26 juillet 1938, lors de la 15ème étape Briançon-Aix les Bains (une étape de 311 km, la plus longue de ce 32ème Tour de France !), les cyclistes s’élancent sur l’Iseran, dont la route n’a même pas encore été goudronnée. La pluie et la neige sont au rendez-vous avec une température de 0°C au sommet du col. C’est le belge Félicien Vervaecke qui est le premier à passer l’Iseran, mais c’est l’Italien Gino Bartali qui remportera la victoire finale à Paris. L’année suivante, le 29 juillet 1939, Bonneval sur Arc devient même ville étape du 33ème Tour de France.
Si le Tour est est passé deux années de suite par l’Iseran à la fin de années 1930, le passage de cette course est rare mais toujours spectaculaires. En 1996 l’ascension a dû être neutralisée à cause des conditions climatiques. Et en 2019 l’étape a été arrêtée juste après le passage du col, des averses de grêle rendant la route impraticable du côté de Tignes.


Un patrimoine au bord de la route
Chapelles et maisons cantonnièresSur un tel lieu de passage, il n’est pas étonnant de trouver des chapelles et des abris pour les voyageurs. La plus spectaculaire est la chapelle de Notre Dame de Toute Prudence situé au sommet du col de l’Iseran, construite entre 1937 et 1939 avec sa magnifique statue de la vierge taillée d’un seul bloc de 4,15m pour 5 tonnes, qui veille sur les voyageurs et alpinistes parcourant l’Iseran.
Quant à la chappelle Saint Barthélemy, qu’on voit facilement sur le bord de la route dans le vallon de la Lenta, son histoire est plus mystérieuse. A-t-elle été bâtie par un particulier en remerciement après une tempête à laquelle il aurait réchappé. Ou pour demander la protection du Saint à proximité d’un tumultueux torrent ? Nul ne le sait. La date exacte de sa construction reste aussi incertaine. Mais sa présence est cependant attestée dès 1523. Plusieurs fois restaurée, on raconte que c’est en passant devant elle qu’un voyageur serait tombé dans le torrent. Il s’en serait sorti mais aurait perdu un sac d’écus d’or qu’il portait sur le dos. Longtemps après, des enfants auraient d’ailleurs trouvé une pièce d’or, toute usée, au pont de Tralenta près de Bonneval sur Arc…

Montée cyclo du col de l’Iseran

Franchir la barre des 3000 en randonnée
