D’où vient le skwal ?
Thias Balmain : Dans les années 80, j’étais moniteur de snowboard à Valfréjus. A l’époque nous avions tendance en snowboard alpin à tourner les épaules vers l’avant ce qui twistait le corps.
Soucieux de la bio-mécanique et du respect des alignements articulaires, je me suis dit que si nous voulions être de face, il serait mieux d’avoir les pieds dans le sens de la glisse. J’ai donc commencé à bricoler une planche jusqu’à sortir un premier prototype en avril 92 avec une planche unique type monoski mais avec les pieds l’un devant l’autre pour plus de stabilité. Au vu du résultat inespéré des tests, je suis allé voir le fabricant Lacroix qui a tout de suite été intéressé par cette nouvelle façon de glisser sur la neige qui était plus efficace en compétition qu’un snowboard alpin classique. Le skwal a été accueilli avec succès, quelques mois plus tard au Mondial du snowboard des 2 Alpes. Une nouvelle glisse était née.
Les sensations procurées par le skwal ?
A la base, c’est de la vitesse et de la prise d’angle extrême dans les virages pour du pur carving. C’est un peu comme un motard qui se penche dans les virages. En skwal, on enchaine les grandes courbes et on peut aller jusqu’à toucher la neige du coude ou de la main dans les virages tellement on met d’angle. D’ailleurs, face à des skwaleurs qui attaquent des virages, certains skieurs se disent que la pratique doit être difficile. Alors qu’en fait c’est assez simple quand on a un niveau correct à ski. Depuis les premiers skwals, qui étaient taillés pour la vitesse et le carving, le matériel a aussi évolué. Nous avons maintenant des planches plus larges pour une pratique « free skwal » plus orientée poudreuse, ou d’autres pour des virages plus serrés (avec ou sans bâtons suivant le feeling de chacun). C’est un peu comme à ski, la gamme s’est élargie : il y a des planches adaptées aux différentes pratiques et aux différentes conditions de neige.
La communauté de skwaleurs s’est elle aussi élargie ?
Cela reste une communauté de passionnés et d’amoureux de ce sport. Nous ne sommes pas si nombreux mais il y a des skwaleurs un peu partout constituant des groupuscules afficionados.
Grâce au skwal j’ai pu rider aux USA, faire de l’héliski au Mont Cook en Nouvelle-Zélande, tourner dans des émissions TV au Japon… Le skwal a séduit des fans de glisse sur tous les continents. On se retrouve maintenant régulièrement pour des sorties en groupe. Ce sera d’ailleurs le cas en mars à Valfréjus pour un retour sur la station des origines. Il n’était pas envisageable de fêter les 30 ans du skwal ailleurs qu’à Valfréjus. Pour les skwaleurs c’est tout simplement mythique.